Il n’a que 22 ans, mais les premières années de la vie de Luigi Makambo pourraient inspirer les plus grands auteurs de mélos. Au lieu de cela, il arrive tout sourire pour parler sans tabou de son handicap, de sa passion du basket et de sa joie de vivre.
Une histoire à la Hugo !
Petit garçon vif et joyeux, Luigi n’a que 4 ans quand son père est tué pendant la guerre civile du Congo Brazzaville. Deux ans plus tard, il commence à ressentir les prémices de la maladie. « Je tombais sans arrêt et j’avais de plus en plus de mal à marcher » se souvient-il. Seulement dans un contexte rendu difficile par les événements politiques, le jeune Luigi ne sera diagnostiqué qu’un an plus tard. « La sœur de ma maman, installée en région parisienne a demandé une évacuation sanitaire. C’est là que les médecins ont décelé une tumeur entre la moelle épinière et la colonne vertébrale ».
Orphelin à 7 ans
Entre-temps, Luigi se retrouve orphelin après le décès de sa maman victime de la tuberculose.
Une bien triste histoire qui nous rappelle un peu celle de Cosette, mais comme la jeune héroïne des Misérables, c’est l’amour de sa famille qui va offrir à Luigi un avenir plus heureux. « Mon oncle et ma tante ont fait une demande de tutelle pour que je reste auprès d’eux ». Le côté administratif et affectif est ainsi réglé, maintenant il faut qu’il accepte d’être un petit garçon différent car si les chirurgiens sont parvenus à enlever la tumeur, ils ont du expliquer à ce petit bonhomme de 7 ans qu’il ne marchera plus.
Une annonce qui aurait pu en déstabiliser plus d’un, mais pas le petit Luigi. « Les médecins m’ont tout expliqué et après l’opération j’ai fait un mois d’hôpital avant d’aller dans un centre de rééducation ». Une nouvelle période longue et difficile qu’il traverse sans se plaindre, bien au contraire. « Je me sens comme un miraculé, car au début j’étais complètement paraplégique. Grâce à tout ça, j’ai pu retrouver en partie mes jambes ».
Au sein de sa nouvelle famille, Luigi poursuit sa route et se tourne vers le sport après avoir découvert le basket en fauteuil au centre de rééducation. De retour à la maison, il s’inscrit dans un club en région parisienne avant d’être convoqué pour un stage en espoirs auquel il ne peut donner suite car à cette époque, Luigi n’a pas encore obtenu la nationalité française.
Quatre ans au pôle espoirs
En 2009, Luigi participe aux Mondiaux à Paris avant d’être « guidé » vers le club de Meaux par la Fédération Française où il passera deux saisons.
« Après mon bac, j’avais l’intention de faire des études d’architecte ou dans le design et puis on m’a proposé d’entrer au pôle espoir handibasket qui ouvrait près de Bordeaux, alors je n’ai pas hésité ».
Quatre années d’apprenti-basketteur dont il profite pour passer son BAFA et ses diplômes d’initiateur handi et valide, avec l’objectif d’obtenir le sésame d’entraîneur cet été.
Seulement au bout de ses 4 années passées dans le cocon fédéral, Luigi veut aller voir ailleurs. Il vise le championnat italien et traverse les Alpes pour un essai dans un club transalpin.
Merci Houcine
Après un essai en Italie qui ne satisfait personne et surtout pas Luigi, il appelle Houcine qui lui propose de venir au Cannet pour montrer ce qu’il sait faire. Cette fois-ci l’essai est transformé. « Luigi est la belle surprise de ce début de saison. J’ai tout de suite vu qu’il avait un énorme potentiel. Il s’est très vite adapté au groupe. A sa façon, c’est un garçon qui fédère » se félicite Alexandre Farrugia.
Bonne pioche donc pour les Hornets ! Et maintenant qu’il a posé ses bagages à Maillan pour une saison qui a plutôt bien débuté, Luigi Makambo aimerait bien ajouter quelques titres sur sa carte de visite. Il vient déjà d’obtenir un ticket gagnant pour disputer sa première finale de Coupe de France.
Bientôt, il va découvrir la Coupe d’Europe et les grosses équipes continentales et le mois suivant, il saura s’il peut ajouter une étoile de champion de France sur son maillot du Cannet.
Des objectifs sportifs qui ne sont pas si éloignés, mais c’est quand même bien au présent que Luigi Makambo a envie de mordre dans la vie.
Un plaisir qu’il partage avec les Hornets, sa copine, sa famille et ses amis. Car depuis 15 ans, le petit gamin de Brazzaville a fait du chemin et ce dont il est sûr aujourd’hui, c’est qu’il est heureux… de vivre.