Sa rage de vaincre et sa pugnacité, voilà deux traits de caractère qu’Houcine Belaïd doit sans doute à ses origines méditerranéennes.
Enfant d’Algérie, le petit Houcine nait le 22 mai 1986 à Oran dans une famille où le sport est roi.
Sportif dans l’âme et curieux de tout essayer, il touchera au karaté et à la natation, mais sa passion, reste le foot. Aussi avec ses frères et ses copains, il improvise des matchs où ils s’imaginent défendre les couleurs des plus grands clubs d’Europe. Une vie normale de pré-ado qui bascule après un accident.
Percuté par un train, Houcine a 14 ans quand il perd sa jambe droite. Transporté à Marseille pour y être soigné, le jeune Houcine n’en abandonne pas pour autant sa soif et sa joie de vivre.
Hyper actif
C’est par le sport qu’il va continuer à puiser son énergie pour vivre… autrement.
« Je suis un hyper actif, il faut je bouge tout le temps » reconnaît-il.
Après deux ans et demi de rééducation, Houcine revient chez lui, à Marseille. Ses frères ont leurs habitudes sur les petits terrains de foot fermés et avec le retour d’Houcine, l’équipe vient de se trouver un gardien de but. « Ils m’ont mis dans la cage avec mon fauteuil ». Un souvenir qui le fait encore sourire, lui qui deviendra quelques années plus tard international de handibasket sous les couleurs de l’équipe de France. Une projection qu’il est encore loin d’imaginer et c’est là qu’une rencontre amicale va bouleverser son avenir.
« En jouant au foot avec mes frères, une personne en fauteuil m’interpelle. Je le connais un peu car c’est un voisin et il me propose d’essayer le basket en fauteuil. A ce moment là je ne voyais pas comment on pouvait faire ». Telmo, celui qui va devenir l’un de ses meilleurs « potes » ne lâche pas l’affaire et Houcine décide de le suivre pour faire un test. D’abord dans la section loisir. « On jouait tout le temps avec Telmo, jusqu’au jour où il m’a demandé d’intégrer une équipe pour disputer un vrai championnat ».
De la N2 à Marseille à la Coupe d’Europe à Hyères
Et voilà comment, en plus du foot, Houcine va devenir accro au basket ! Une activité où il retrouve les valeurs du sport collectif et une ambiance festive. Car c’est vraiment ces moments de partage et les prémices de la compétition que le nouveau joueur marseillais apprécie dans sa nouvelle activité.
Après deux ans à Marseille, le club de Hyères lui propose de voir plus loin. Une nouvelle étape où il découvre le haut niveau et la Coupe d’Europe pendant deux saisons.
Pourtant il va s’octroyer « une année sabbatique », au moins sur le plan compétitif. Tout en restant au contact du basket via son club de Marseille, Houcine veut goûter à d’autres sports (tennis, aviron…).
La belle expérience italienne
Pourtant, alors que la saison arrive à son terme, un de ses amis lui demande si une expérience dans le championnat italien le tenterait. Quelle question ? Houcine boucle son sac pour faire un essai d’une semaine dans le club de Giulianova. Situé dans la région des Abruzzes, le club transalpin est à la recherche d’un profil similaire à celui du jeune français. Giulianova se laisse séduire par la pugnacité et la combattivité du « marseillais ». Il signera pour trois saisons avant de prolonger pour deux ans supplémentaires. De l’autre côté des Alpes, Houcine se frotte au meilleur championnat européen. « Là-bas, la concurrence est à tous les postes. Tu dois gagner ta place à chaque entraînement. C’est là que j’ai su qu’il fallait travailler pour réussir et je leur dois beaucoup. Et puis le handibasket a une part prépondérante dans les médias. Les matchs sont télévisés, les salles sont pleines ». Un quinquennat à l’italienne qui va prendre fin en 2014. C’est là qu’il se laisse convaincre par ses amis Kaïsse (Mekhazni) et Jérôme (Laureri, aujourd’hui à Hyères) de rejoindre Le Cannet.
Houcine Belaïd, qui vient d’entamer son troisième mandat avec les Hornets, est l’un de ses hommes forts et après avoir participé au succès nationaux et européens de ces deux dernières saisons.
Très investi dans la vie de son club, toujours prêt à participer à des démonstrations ou à témoigner auprès des jeunes sur le handicap, le joueur du Cannet a tout connu ou presque sur le plan sportif. Cette saison, Houcine et les siens ont les moyens de viser le doublé (coupe et championnat) mais aussi de se hisser encore plus haut dans les étoiles européennes.
Français à 200 %
Des objectifs pour lesquels Houcine est bien déterminé à faire ce qu’il faut pour y parvenir. Et puis dans un autre coin de sa tête, c’est en « bleu blanc rouge » qu’il se projette dans moins de quatre ans.
Bien qu’il ait franchi toutes les sélections jeunes sous le maillot frappé du Coq, Houcine est également sollicité par l’équipe d’Algérie avec laquelle il va faire quelques stage. Houcine doit alors choisir son camp : l’Algérie ou la France ?
Une question à laquelle il répond sans hésiter car si son cœur oscille équitablement entre ses deux pays, Houcine choisit la France. Une option qu’il assume totalement. « Quand je joue pour l’équipe de France, je suis à 200 % Français et je suis très fier de porter ce maillot ».
Alors si on lui permet d’exhausser un autre souhait, en plus de tout gagner cette saison avec les Hornets, c’est justement en bleu blanc rouge et du côté de Tokyo que le numéro 11 du Cannet a envie d’être à la fin de l’été 2020.