Wilfried Leblanc n’est plus un inconnu pour les supporters des Hornets puisqu’il vient d’entamer sa 4ème saison sous le maillot du Cannet et qu’il a été sélectionné chez les Bleus pour participer à une compétition internationale à Madrid du 4 au 6 novembre.
Un destin que le Lillois n’aurait pas imaginé il y a 9 ans en arrière. Lui qui avait déjà bien construit sa vie auprès de Perrine, pratiquait un sport de combat à haut niveau et avait acheté sa première maison à 19 ans.
Après avoir traversé des périodes difficiles dans son enfance, Wilfried semble avoir trouvé son équilibre jusqu’à ce jour de septembre 2013 où un automobiliste lui coupe la route alors qu’il est à moto.

Wilfried, comment était votre vie avant l’accident ?
« Je travaillais dans le BTP, j’avais déjà acheté ma première maison à 19 ans et avec ma compagne nous avions fixé une date de mariage en avril 2014. En parallèle, je pratiquais le free-fight (sport de combat) depuis l’âge de 5 ans et j’avais un très bon niveau ».

L’après n’a pas dû être facile à vivre ?
« J’avais déjà un caractère affirmé et le fait d’être paralysé n’a rien arrangé. Je me suis renfermé sur moi et j’envoyais promener toutes les personnes qui essayaient de m’aider. A l’hôpital, je n’ai pas pu être opéré tout de suite car il y avait des complications au niveau de mes organes. Je suis resté couché sur le dos pendant un mois, sans pouvoir bouger. Ensuite il y a eu l’opération et le centre de rééducation. Je commençais à reprendre goût à la vie quand de nouvelles complications sont arrivées. Retour à l’hôpital, nouvelle opération et nouveau passage au centre de rééducation ».

Qu’est-ce qui vous a aidé à relever la tête ?
 L’amour de Perrine. Elle ne m’a pas lâché et c’est même elle qui gardait l’espoir que je remarche un jour avant de comprendre que ce ne serait pas possible. Quand je l’ai vue pour la première fois elle avait 16 ans et je la trouvais très jolie. Mes potes me disaient que je n’étais pas cap de l’aborder. J’y suis allé et elle m’a dit non, mais on s’est revus plus tard et j’ai tout de suite su qu’elle était la femme de ma vie. On adore voyager et deux mois après mon opération, on est partis, sacs à dos, en Nouvelle Calédonie pendant 3 semaines. Ce voyage nous a marqués à jamais. Perrine m’encourage tout le temps et quand j’ai eu l’opportunité de signer au Cannet, elle n’a émis qu’une condition : qu’au moindre coup de blues, elle puisse remonter dans le Nord, voir sa famille. J’ai dit OK, d’ailleurs en ce moment elle est parti avec Nathan pendant les vacances scolaires. Le fait d’avoir pratiqué des sports de combat m’a aussi permis d’être plus fort dans ma tête ».

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Comment êtes-vous passé de free-fight au basket fauteuil ?
« Je n’avais jamais été pas attiré par les sports co. J’étais persuadé que pour réussir des performances, il ne fallait compter que sur soi. Pendant ma rééducation, on m’a proposé trois options : le tennis de table, la natation et le basket. Les deux premiers ne me tentaient pas du tout alors j’ai choisi le basket car c’était la seule discipline où je pouvais me dépenser physiquement ».

Pourtant vous arrêtez après votre sortie du centre de rééducation !
« Oui, il faudra une rencontre avec un ami d’un ami de Perrine, entraîneur d’une équipe de basket fauteuil à Gravelines pour que j’accepte de m’y remettre. A l’époque, je n’avais pas encore obtenu mon nouveau permis et il a accepté de faire 200 km aller et 200 km retour pour venir me chercher. Un jour où nous jouions contre Lille, l’entraîneur m’a demandé si je voulais jouer avec eux. C’était plus simple pour moi, mais je n’avais pas de temps de jeu. Alors je suis parti à Cambrai pour revenir plus tard sur Lille avec la promesse de jouer ».

C’est là que vous croisez le chemin de Momo Oulini ?
« Momo Oulini est le meneur de l’équipe du Maroc. C’est un très grand joueur et défensivement c’est un monstre. Malgré ça, il est humble. Nous nous entraînions tous les jours rien que tous les deux. Il est comme mon frère. J’avais du temps de jeu à Lille. C’est comme ça que j’ai pu évoluer et que j’ai intégré le groupe France pour participer aux stages ».

Et les Hornets dans tout ça ?
« Lors d’une coupe d’Europe à Tenerife, Alex m’avait demandé de faire un bout d’essai, mais au même moment la maman de Perrine est tombée gravement malade et il n’était plus question de quitter Lille. L’opportunité s’est représentée plus tard et notre seule condition était la vente rapide de notre maison. Cela s’est fait en une semaine, certainement un signe pour nous dire que c’était le bon moment ».

Passer du Nord au Sud, ça n’a pas dû être simple ?
« Je savais qu’en signant au Cannet, je venais dans un grand club qui jouait la Coupe d’Europe et les titres nationaux. Je connaissais aussi la qualité de tous ses joueurs et puis il y a surtout eu la gentillesse d’Alex et Mylène. Aujourd’hui, ils sont vraiment devenus mes parents de cœur. On se sent bien ici car on aime le soleil et la nature. De plus, il y a une belle cohésion dans ce club et comme je prends de plus en plus confiance en moi, grâce à mon coach et mes partenaires, j’espère qu’on va réussir une belle saison ».

Et puis, d’ici peu, Nathan va accueillir un petit frère ?
« Nathan est venu consolider notre amour le 4 janvier 2016. Après l’accident, nous en avons parlé très sérieusement. Nous avions même prévu d’avoir un deuxième enfant très vite après, mais cela ne s’est pas fait. Nous avions presque renoncé quand la bonne nouvelle est arrivée.  Le bébé est annoncé pour le 12 janvier. Perrine va avoir trois Capricornes à gérer à la maison ».