A 39 ans (il les aura le 4 août prochain), Nabil Guedoun va réaliser son rêve de gosse, celui de participer aux J.O. Sous les couleurs de l’Algérie, le leader des Hornets s’apprête à vivre un moment magique qu’il pourrait partager avec sa femme, Florence, si cette dernière est sélectionnée chez les Bleues de France.

Comment transformer en force et joie de vivre, ce que d’autres appelleraient coup du sort ou malchance ?

La recette de cette envie de croquer la vie à pleines dents, Nabil Guedoun veut bien la partager. Il n’en fait pas un secret et parmi ses principaux ingrédients figurent le travail, la simplicité et le respect des autres. Trois valeurs dont a fait sienne Nabil et ce, dès son plus jeune âge.

Son histoire commence à Boufarik, une commune située à 35 km d’Alger où il naît un 4 août 1977 dans une famille dont le papa est soudeur. Il se situe au centre d’une fratrie de 9 enfants. Mais à 3 mois à peine, il est touché par la polio(myélite). Si physiquement, la maladie a laissé des traces, le jeune Nabil va toujours écarter le handicap de sa tête. « J’ai toujours voulu faire les choses comme tout le monde » et c’est vers le sport qu’il va très vite trouver sa source de motivation. « J’ai commencé le basket à 14 ans dans le club de Boufarik et j’ai tout de suite aimé ça ». Une passion qui va le conduire à décrocher une vingtaine de titres de champions d’Afrique et à participer à deux championnats du monde. A 19 ans, il intègre l’équipe nationale pour ne plus la quitter. A plusieurs reprises, il va manquer la qualification aux J.O. après deux finales perdues ou des événements politiques qui vont priver son pays de vivre l’aventure olympique.

De Boufarik à Saint-Peray
Connu et reconnu dans son pays, Nabil a évidemment envie de voir plus loin et surtout plus haut. « En 2004, c’est ma mère qui m’a poussé à aller voir ailleurs ». Ailleurs, c’est l’Europe mais pour sa première étape dans le Vieux Continent, c’est à Saint-Peray, un club ardéchois de N2 qu’il va poser son sac. Ce n’était pas vraiment l’évolution que l’international algérien avait envisagée. « J’ai découvert un autre monde et même si ce n’était pas le niveau que j’espérais, j’ai passé deux saisons exceptionnelles là-bas ». C’est au cours de cette première année passée en France que le club du Cannet va croiser sa route. « En 2005, alors que nous venions d’accéder à la nationale B, nous lui avions demandé de nous rejoindre. Nous l’avions vu jouer face à notre équipe réserve et nous le voulions vraiment » se souvient Alexandre Farrugia. Seulement, quand Nabil promet, il tient parole même s’il n’était tenu par aucun contrat. « Je m’étais engagé auprès des dirigeants de Saint-Peray de rester pour une deuxième saison et je ne pouvais pas revenir là-dessus ».

Perpignan : le coup de foudre pour Florence
Ensuite, Nabil va mettre le cap au sud et s’installer à Perpignan, toujours en N2. C’est pendant cette période qu’il va croiser le chemin de sa Belle. « Chaque semaine, nous avions un entraînement dans un milieu hospitalier et c’est là que je l’ai croisée. Elle était plâtrée jusqu’au genou pour une blessure à la cheville. J’ai tout de suite essayé de la séduire, mais elle n’était intéressée que par les joueurs d’handibasket. Quand elle a vu que je ne me débrouillais pas trop mal dans un fauteuil, ballon en main, cela nous a rapprochés ». De leur union, naîtra Medhi, un petit garçon de 6 ans qui fait aujourd’hui la fierté de ses champions de parents.

Pendant ce temps, les dirigeants du Cannet n’ont toujours pas « lâché l’affaire » et c’est en 2008 qu’ils vont enfin obtenir la signature de celui qu’ils convoitent depuis plus de trois saisons. « C’est l’année de notre accession en Nationale A et bien qu’il marque régulièrement entre 40 et 50 points par match, le milieu du handibasket le boude, estimant sans doute qu’il n’est qu’un bon joueur de N2 ! » ironise le président du Cannet qui a toujours décelé en lui, le champion qu’il est devenu.

Un champion et un homme d’exception
Un entêtement dont se réjouit le club azuréen puisqu’il compte dans ses rangs un joueur d’exception, considéré comme l’un des meilleurs joueurs du monde et élu à plusieurs reprises MVP en coupe d’Europe, mais aussi un Homme de Cœur.

Une double identité qui fait la marque des Grands Champions. Toujours disponible pour se déplacer dans les écoles, les centres de rééducation ou les hôpitaux, Nabil essaye de transmettre son énergie et sa joie de vivre à ceux qui souffrent ou qui doutent.

Dans son équipe des Hornets, où il est clairement le chef de file incontesté, Nabil a aussi ses règles bien à lui. « Ce que je sais, c’est que rien n’est jamais acquis. Il n’y a que le travail qui compte et sans un esprit d’équipe tu ne peux rien réussir tout seul ».

Algérien par sa naissance, Nabil se veut aussi citoyen de France. « La France c’est la liberté, le respect du handicap. J’aime les gens et comme je suis ouvert à tout, je me suis très vite adapté, car c’était bien à moi à m’intégrer dans la vie à la française et non l’inverse ». Un message de tolérance et de fraternité que Nabil va continuer à porter sur tous les terrains de France, d’Europe et bien sûr jusqu’à RIO à la fin de l’été avec une note de « bleu, blanc, rouge » au fond de son cœur. Et puis, qui sait, Le Cannet pourrait vivre une situation EXTRAORDINAIRE, si Florence Doumesch-Guedoun est également retenue en équipe de France pour les Jeux Paralympiques ?