Avec les Bleus, Houcine Belaïd est passé par toutes les couleurs mais c’est bien dans une casaque tricolore qu’il ira à Paris le 28 août, accompagné de ses potes Christophe, Alexis, Rémy, Nicolas et tous ceux qui ont fait trembler de joie l’Azur Arena d’Antibes le week-end dernier. Les hommes de Franck Bornerand ont su saisir leur chance, après 20 ans d’absence aux Jeux paralympiques.
Sur un petit nuage
Deux jours après avoir vécu des moments très intenses en émotion, Houcine a encore du mal à revenir sur terre. « Je suis encore sur mon petit nuage » explique-t-il alors qu’il a repris les entraînements avec les Hornets car la Coupe d’Europe approche à grands pas.
Un rendez-vous important pour le club mais « qui tombe mal » dans le calendrier. « Depuis le début de la saison on a enchaîné la Coupe de France, les matchs de championnat, la première phase de la Coupe d’Europe, les stages et les tournois de préparation avec l’équipe de France jusqu’au TQP et maintenant on reprend avec l’Euroligue 2 et le final four. J’avoue que je me sens très fatigué et le délai de récupération est très court avant d’aller en Sardaigne d’autant que nous serons trois joueurs à avoir fait le TQP d’Antibes (avec Christophe Carlier et Reda Maataoui) ».
Un rêve de gosse
En effet, cette saison 2023-2024 s’annonce riche en événements pour les Hornets et leurs internationaux français. Mais c’est aussi ça, le calendrier des sportifs de haut niveau et Houcine ne se plaint pas car il est bien conscient qu’il vit son rêve de gosse.
Cette fois-ci, il ne sera pas derrière sa télé à regarder ceux qu’ils admirent mais bel et bien sur le parquet de l’Arena Bercy à rouler pour l’Equipe de France. Un maillot frappé du coq qu’il aime et depuis la qualif à Antibes, Houcine n’a plus de limite. « Entre nous on n’ose pas se le dire, mais on sait qu’on veut tous monter sur la plus haute marche possible. Notre groupe est compétent et soudé et puis c’est ça la magie des Jeux, maintenant qu’on y est, on y croit ».
20 ans après mon accident
Avec un retour en arrière, Houcine se dit fier de son parcours. « A 14 ans, j’ai eu un accident de train (où il a perdu sa jambe droite) et je suis passé très près de la mort. 20 ans après, quasiment jour pour jour, je suis là avec ma femme Mélanie, ma petite fille Maëline (bientôt 2 ans) et je vais aux jeux paralympiques. Il n’y a pas plus beau pour un sportif ! »
Ce tournoi d’Antibes restera à jamais gravé dans sa mémoire et Houcine se rémémore chaque match avec une grande précision. « On tombe dans une poule très forte. D’ailleurs sur les 4 qualifiés, 3 sont dans notre groupe, ce n’est pas rien. On commence par l’Iran qui, pour nous, était le favori et on gagne d’un point. On enchaîne avec le Canada qu’on avait déjà battu mais c’était dans un tournoi de préparation alors il fallait se montrer prudents. On n’a pas fait un grand match mais on a su gagner. On termine par la Hollande qui était presque une finale avant l’heure. Encore une fois, on s’est arraché pour finir 1er de notre poule. Enfin le Maroc, le match décisif pour le ticket d’or. Il ne fallait surtout pas se relâcher et c’est ce qu’on a fait. Toute l’équipe est restée solidaire. On fait un match sérieux ce qui a permis à tout le monde de participer à la fête ».
Des larmes de joie
Dès le coup de sifflet final après la belle victoire contre le Maroc, Houcine cherche des yeux les siens. Son clan n’est pas loin et dès la remise de la peluche mascotte des Jeux, Houcine sait qu’il va l’offrir à sa petite fille. « Sur le coup, on ne réalise pas encore vraiment jusqu’à ce que tout explose. On pense aux siens et il y a les larmes de joie. On vit des émotions sur lesquelles on ne peut pas mettre de mots pour les expliquer. C’est très fort ! »
Houcine sait aussi que tout au long de son parcours, depuis son accident jusqu’à sa participation aux Jeux Paralympiques, il a croisé le chemin de personnes qui l’ont aidé à être celui qu’il est aujourd’hui.
Une route de sportif de haut niveau qu’il espère encore longue car la saison est loin d’être terminée avec, notamment, un titre de champion de France à défendre dans un mois à Chalon et dans une semaine, il y aura l’Euro Ligue 2 pour tenter d’aller décrocher une nouvelle couronne continentale. Malgré la fatigue, Houcine a promis de tout donner et on peut lui faire confiance.
L’après ? on verra !
Quant à l’après Jeux, il préfère se réserver sur son avenir en Bleu. « On verra, mais si je dois arrêter ma carrière internationale là-dessus, j’en serai très fier. J’aurai bouclé la boucle après avoir disputé des championnats du monde, des championnats d’Europe pour finir sur les Jeux Olympiques. Pas mal non ? ».
Et pourquoi pas une médaille ?