Il a beau avoir 38 ans et s’apprêter à vivre ses premiers jeux paralympiques, ne dites surtout pas au capitaine des Hornets qu’ils peuvent aussi être les derniers !
Motivé comme jamais à vivre et surtout à partager l’une des plus belles aventures sportives de sa carrière, Kriss vent en prendre plein les yeux, tout en visant une médaille avec tous ses potes de l’équipe de France.
Nous sommes à l’avant-veille de la cérémonie d’ouverture entre les Champs Elysées et la place de la Concorde et à J-3 avant que les Bleus entrent dans la danse, le 30 août face au Canada (18h15).
Après un rapide retour dans sa famille juste après le tournoi de Cologne et avoir été très sollicité par les médias régionaux, Christophe Carlier commence à réaliser que son rêve va enfin prendre forme.

Kriss, quel est ton programme jusqu’au 30 août ?
« Je rejoins l’équipe à Paris (jeudi 22 août) et nous allons directement au village olympique prendre possession de nos chambres et visiter les installations. Je vais découvrir les « fameux » lits en carton et j’espère surtout que les matelas seront bons ! »

Avant cela, vous avez fait un tournoi en Allemagne, quel en est le bilan ?
« On gagne deux matches, la Corée et le Japon et on perd les deux autres contre l’Espagne et l’Allemagne. Mais le plus important était de travailler notre collectif et de tester les différents 5. Tout le monde a joué et cela a été très positif pour l’ensemble du groupe ».

Une fois sur place, quel sera votre planning ?
« Pour l’instant, je ne sais pas où nous nous entraînerons. Ce qui est sûr c’est que nous aurons la supervision des classificateurs (personnes qui assistent aux entraînements pour vérifier le bon classement de chaque joueur). C’est un rituel auquel nous sommes habitués dans les grandes compétitions internationales et ils sont surtout là pour les plus jeunes. Ensuite nous aurons deux matches amicaux contre l’Australie et l’Espagne (2 équipes du groupe B) ».

Que penses-tu des 2 poules de qualif ?
« Les deux poules sont difficiles. Nous connaissons nos adversaires pour les avoir déjà joués ce qui peut être un avantage. Ce qui est sûr c’est que ce sera rude et qu’il faudra jouer collectif et nous adapter à tous les types de jeu ».

LA TEAM CARLIER PRÉSENTE À PARIS

Ta famille sera-t-elle du voyage à Paris ?
« Oui, on s’est organisé pour que ma femme et mes deux filles (Eva et Maëlle) puissent être dans les tribunes pendant toute la compétition. C’est important pour moi de les savoir tout près. J’ai besoin de les voir et de communiquer avec elles, rien que par le regard. Mes beaux -parents seront aussi là pendant la phase de poule et ma maman rejoindra Célia et les filles après. Bien sûr, c’est un coût car on a dû louer un appartement près du stade et on a pioché dans nos économies pour vivre ensemble ce moment historique pour notre discipline et dans ma carrière ».

Cela veut dire qu’Eva va manquer la rentrée des classes !
« Nous avons rencontré la directrice de son école pour lui expliquer la situation et elle est à fond derrière nous. Déjà très impliquée dans le tournoi qualificatif à Antibes, son école avait prévu de suivre nos matchs en direct, mais comme nous serons surtout sur les réseaux sociaux et pas forcément sur les chaînes du service public, cela risque d’être compliqué. Dommage, car je pense notamment à ma grand-mère qui ne pourra pas regarder nos rencontres à la télé ».

OBJECTI : LA MEDAILLE 

Comment te prépares-tu à gérer toutes ces émotions ?
« Tout au long de ma carrière, j’ai déjà vécu de grandes choses, notamment avec mon club des Hornets et avec l’équipe de France aussi. Tout cela me fait dire que je suis prêt. Je suis à la fois très fier et rempli d’émotion. Nous serons à la maison, devant notre public sur lequel nous comptons beaucoup et tout cela est l’aboutissement de tellement de travail. Nous allons jouer dans l’une des plus grandes arènes et nous allons nous battre car nous avons les armes pour aller chercher une médaille ». 

Chaque match comme une finale
Car c’est bien cela l’objectif de cette équipe de France ?
« En effet, il n’y en a pas d’autre. Au TQP, nous avons prouvé que nous pouvions rafler toutes les mises. Nous savons que rien ne sera simple et nous ne sous-estimons personne. Nous jouerons chacun de nos matchs comme une finale. C’est ensemble que nous y arriverons. On n’est pas un sport collectif pour rien et on va essayer de s’inspirer de l’équipe américaine qui se trouve les yeux fermés après plusieurs années de travail ensemble »

VIVRE LA CÉRÉMONIE JUSQU’AU BOUT

Peux-tu nous donner quelques infos sur la cérémonie d’ouverture ?
« Je n’en ai pas mais en tout cas on a tous voté pour y participer. Il y aura ceux qui n’irons pas parce que leurs compétitions débutent dès le lendemain. Ceux qui ne feront que la moitié du parcours et enfin ceux qui assisteront à tout avec une fin prévue autour de 2 heures du matin. On a opté pour la totalité puisque nous ne jouons que 2 jours plus tard, mais ce n’est pas nous qui décidons ».

Auras-tu le temps d’aller voir d’autres sports ?
« J’aimerais bien comme la natation ou le rugby car les jeux c’est vraiment la fête de tous les sports, mais tout cela dépendra de notre parcours. Il ne faudra pas nous éparpiller car la priorité sera de rester focus sur notre compétition. Si nous avons quelques moments de libres, nous les partagerons avec nos proches ».

As-tu déjà réfléchi à l’après jeux ?
« Pour l’instant, je veux vivre à fond l’instant présent. On verra ce qui se passe après et aussi comment je me sens physiquement. Nous sommes tous là pour démontrer que le basket fauteuil a toute sa place dans les plus belles vitrines sportives. Beaucoup de personnes se battent autour de nous pour donner plus de visibilité à notre discipline, à commencer par notre président, Alexandre Farrugia et notre ville du Cannet. A nous, les joueurs de montrer ce dont nous sommes capables pour aller décrocher cette médaille dont tout le monde rêve ».