Pour sa deuxième saison sous le maillot du Cannet, Thomas Delattre est devenu un joueur à part entière de l’équipe première même s’il reconnaît avoir encore beaucoup à apprendre de ses équipiers.
Tu peux m’appeler « TomTom » dit-il dans un sourire. « D’ailleurs c’est ce qui est écrit sur mon fauteuil et ici tout le monde m’appelle comme ça ».
Les présentations sont faites et la discussion s’ouvre naturellement sur « son accident ».
Thomas a fêté ses 23 ans une semaine plus tôt quand, en avril 2016, c’est une chute au guidon de sa moto qui bouleverse sa vie.
Evacué à l’hôpital Pasteur où il passera plus de trois jours en réanimation et deux semaines en soins, il est ensuite transféré au centre de rééducation à Hyères.
Au cours de ses 7 mois passés dans le Var, TomTom apprend à vivre autrement puisque le fauteuil va désormais faire partie de son quotidien.
L’ancien handballeur, licencié au club de Grasse, va alors découvrir le basket fauteuil grâce au partenariat que le centre de rééducation entretient depuis des années avec le club Hyérois. « J’aimais bien participer à ces séances, cela me faisait bouger et penser à autre chose. J’ai même participé à deux ou trois entraînements avec eux ». Un premier pas vers son nouveau sport, mais il ne le sait pas encore.
N° 14 Thomas Delattre
L’amour de ses proches
Puis c’est le retour à la maison, à Mandelieu-La Napoule, où sa famille, originaire de Boulogne-sur-Mer, s’est installée alors qu’il a 15 ans et où rien ne sera plus vraiment pareil, si ce n’est l’amour de ses proches très présents pendant cette nouvelle épreuve de la vie. C’est d’ailleurs à eux que TomTom pense en priorité. « J’ai eu la chance d’avoir été très entouré par ma famille. Ils s’arrangeaient pour être là le plus souvent possible auprès de moi et je suis conscient que mon accident a également été un bouleversement pour eux aussi ».
L’altruisme, voilà un premier trait de caractère qui ressort chez TomTom. D’ailleurs quand on lui demande de faire le point sur ce qu’il aime en général, les réponses fusent. « Ma famille avant tout et le sport, surtout mécanique. En fait tout ce qui a des pistons. J’aime aussi me balader, sortir avec mes amis et jouer à la console mais juste une fois par mois » tient-il à préciser.
Avant l‘accident, Thomas était mécanicien dans une société de location de matériel de chantier à Mandelieu. Après l’accident, son employeur lui a tout de suite proposé un nouveau rôle dans l’entreprise. Le voilà donc adjoint administratif. Un travail de bureau qu’il apprécie tout autant. « Cela n’a rien de rébarbatif car je ne fais jamais les mêmes choses. Je m’occupe des commandes des pièces, de la réception, de la location des machines… ». De plus, son patron qui suit de près les résultats de son équipe, n’a pas hésité à adapter ses horaires pour qu’il puisse participer aux entraînements et faire les déplacements.
Nabil, recruteur par hasard
Alors justement, comment passe-t-on de handballeur à basketteur ?
«J’avais déjà eu une première approche à Hyères, mais à mon retour à la maison, je ne savais pas trop ce que je pouvais faire ». C’est là que le hasard va jouer son rôle.
C’est au cours d’une balade à Cannes que TomTom va croiser le chemin de Nabil Guedoun. L’ancien joueur des Hornets, aujourd’hui toulousain mais à jamais les cœurs cannettans, l’interpelle et lui demande « franco » s’il ne veut pas venir au club, juste pour voir.
Pourquoi pas ? Curieux et ouvert à tout, TomTom est renforcé dans son nouveau choix grâce à Stéphane Keller avec qui il discute beaucoup. « Je suis venu et je ne suis jamais reparti » résume-t-il aujourd’hui.
Alors commence le maniement du fauteuil. « Pendant que l’équipe s’entraînait, moi j’étais sur le côté avec Alex pour apprendre à manier le fauteuil et pour moi le plus dur aura été d’apprendre à rouler avec le ballon ».
En équipe 1 en quelques mois
Le petit nouveau intègre donc l’équipe 2 des Hornets dans laquelle il démontre déjà sa soif de bien faire. Une envie qui va le propulser en équipe 1 avant même que la saison 2018/2019 ne débute.
Une opportunité qu’il saisit à pleines mains, devenant ainsi la doublure de Stéphane Keller sur le terrain. Aux côtés de ses partenaires déjà capés et habitués aux combats de très haut niveau, TomTom ne rechigne pas à la besogne. « Je suis à l’écoute des moindres remarques si elles sont constructives et c’est le cas. Depuis que j’ai intégré le groupe, mes partenaires m’aident beaucoup et me conseillent. L’année dernière, je me suis retrouvé sur le terrain à jouer une Coupe d’Europe. C’était un truc de fou à vivre ».
Avec des yeux qui brillent, TomTom a encore pris de l’assurance en ce début de saison et son envie de bien faire n’a pas failli. Son caractère pétillant et son humour sont un plus auxquels ses copains de jeu et le staff sont devenus addicts.
D’ailleurs, pour sa deuxième saison sous le maillot du Cannet, TomTom, le petit gars du Nord, espère bien décrocher un ou plusieurs titres en tant que basketteur.
Une nouvelle aventure sportive qu’il vit à fond, lui le gourmand de la vie, le besogneux, l’optimiste par nature. « Je fonce plein gaz » comme il dit.