BIOGRAPHIE
Il est fan de foot, mais c’est au handibasket qu’Ivan Toscano a finalement trouvé sa voie après son accident de moto en juin 2002.
En ce début de saison, Ivan Toscano aura été la seule nouvelle tête du groupe composé par Daniel Paquet puisque Luigi Makambo, transfert du championnat italien, avait déjà porté les couleurs des Hornets du Cannet et qu’il aura fallu attendre le 27 octobre avec la visite de Toulouse pour voir arriver Rida Maataoui, la dernière recrue cannettane.
Cependant, Ivan Toscano n’est pas vraiment un inconnu dans le championnat français.
En effet, l’été 2013, Ivan est approché par Hyères et signe pour une saison. Une année varoise couronnée par un titre en Coupe de France. « Cette année là, nous avons ouvert le championnat ici à Maillan » se souvient Ivan. Un premier derby qui va doublement marquer sa vie puisque c’est ce soir là, à la collation d’après-match, qu’il va rencontrer Marion, alors élève infirmière à Hyères. Elle a 22 ans et ils ne vont plus se quitter.
Mais faisons d’abord quelques retours arrière pour mieux faire connaissance avec le nouvel Hornet 2018/2019.
Ivan, parlez-nous de votre enfance ?
«Je suis né à Murcie, dans le Sud-Est de l’Espagne. Tout allait bien jusqu’à mon accident».
On peut en parler ?
«Bien sûr. J’avais 16 ans, ce qui correspond aujourd’hui à la moitié de ma vie puisque j’en ai 32. J’étais à moto et une voiture m’a coupé la route alors que j’étais tout près de chez moi. J’ai volé avant d’atterrir sur le dos. J’ai eu plusieurs vertèbres cassées. J’ai fait 9 mois dans un hôpital spécialisé pour paraplégiques à Tolede».
Comment avez-vous réagi face au fauteuil ?
«Avant j’étais avant centre dans une équipe de foot et mentalement ce fut très dur à encaisser. Dès que j’ai pu sortir de l’hôpital, je suis rentré chez mes parents et là je me suis enfermé sur moi même. J’ai fait une vraie déprime».
Et le basket dans tout ça ?
«En fait, pendant ma rééducation à l’hôpital, il y avait une équipe de handibasket et quelqu’un m’a proposé de venir voir. Jusque-là je ne m’étais jamais intéressé au basket. Finalement j’ai intégré l’équipe parce qu’il n’y avait pas grand chose d’autre à faire et j’ai très vite progressé. Après je suis revenu chez moi, sans rien faire de mes journées».
La meilleure décision de ma vie
Le déclic ?
«J’étais obligé de retourner régulièrement à l’hôpital pour des visites de contrôle et c’est là que j’ai recroisé mon coach de handibasket. Il m’a dit que la ville de Tolède venait de monter une équipe handi et que ça pourrait être bien pour moi. Je venais d’avoir 18 ans et j’ai fini par accepter. C’est la meilleure décision de ma vie».
Qu’est-ce que ça a changé pour vous ?
«Avant, je vivais dans un milieu fermé et là je m’ouvrais au monde. Je partageais une chambre avec un autre joueur et je ne me sentais pas seul, loin de ma famille. C’est aussi grâce au handibasket que j’ai commencé à voyager».
C’est à partir de là que vous décidez de faire carrière ?
«J’ai passé deux ans dans l’équipe de Tolede. On s’entraînait beaucoup, mais comme j’étais jeune, je jouais peu alors j’ai voulu aller voir ailleurs. J’ai rejoint Murcie où se montait une équipe grâce au partenariat d’une entreprise. J’ai fait trois saisons là-bas, mais avec le départ du partenaire financier, le club n’a pas tenu. De là, je suis allé à Elche, un club qui évoluait en 2ème division espagnole, près d’Alicante avant de signer à Valladolid».
L’année où vous croisez pour la première fois le chemin de votre futur club, Hyères ?
«Nous les avons affrontés en Euroligue III et c’est après cette compétition que le club de Hyères m’a sollicité. Je ne connaissais pas la France, mais j’ai tout de suite dit oui. C’est comme ça que je suis arrivé dans le Var».
Encore une bonne décision, semble-t-il ?
« Sans aucune doute, d’abord sportivement car je gagne la Coupe de France avec Hyères et puis c’est aussi grâce à Hyères que j’ai rencontré Marion ».
Et de Hyères, vous signer à Meaux (2014/15) ! Pourquoi ce nouveau choix ?
« C’est à partir de là que Marion a décidé de me suivre partout où j’irai. On part à Paris, la ville de l’Amour et avec Meaux, on gagne le championnat avant de perdre la Coupe de France contre… Le Cannet. Une belle saison sportive, mais on a eu beaucoup de mal à supporter la pluie et le froid ».
Ce qui explique votre retour à Hyères puis en Espagne…
Hyères m’a rappelé et j’y reviens pour deux saisons (2015/17). Ensuite je signe à Grande Canarie. C’est là que nous décidons d’avoir un enfant avec Marion qui avait pris une année sabbatique avec son métier d’infirmière ».
Mais, vous avez une autre motivation pour expliquer ce retour en Espagne !
« C’est vrai. Si tu as l’ambition de jouer pour l’équipe nationale, il vaut mieux jouer à domicile pour être mieux suivi. Je fais une bonne saison avec Grande Canarie et je suis appelé pour le stage de préparation à la Coupe du Monde à Hambourg. J’ai fait beaucoup de sacrifices pour obtenir ma place en équipe d’Espagne, mais au bout du compte, je ne serai pas retenu.
Cela a été une immense déception et comme Marion voulait revenir en France pour donner naissance à notre enfant, nous décidons de revenir ».
Comment se passe votre arrivée au Cannet ?
« J’ai été contacté par Alexandre, le président des Hornets. Je connaissais le club, son sérieux, ses ambitions et j’ai signé ».
On peut tout gagner
Pouvez-vous faire un premier bilan de la saison ?
«Avec cette équipe, on peut tout gagner. On l’a vu en Allemagne où on domine le champion d’Espagne (Albecete) et on échoue de peu face aux Allemands de Lahn Dill qui sont de vrais professionnels. Nous avons vécu un début de saison compliqué et cela a renforcé la cohésion du groupe. On a pris confiance ensemble et notre différence, pour ne pas dire notre force c’est que notre « star », Alexis Ramonet, n’est pas là pour la jouer solo. Au contraire, il est le premier à faire jouer les autres et à les mettre en confiance. Chez les Hornets, tout le monde travaille pour l’équipe et c’est quelque chose que je n’avais encore jamais connu ailleurs ».
La qualif en Euroligue 1 n’a pas été votre seul bonheur en ce début d’année ?
« En effet, je suis devenu papa. Avec la naissance de mon petit garçon, Kilian, j’ai trouvé une nouvelle énergie. Ici, je me sens en famille. On a des supporters extraordinaires, une belle salle et je suis le plus heureux du monde. Il ne manque plus qu’à réussir le doublé coupe/championnat et le bonheur sera complet ».