Dix ans d’amitié, de joie et de réussite sportive avec les handibasketteurs du Cannet, c’est ce qu’a donné Momar Gueye à son club et bien plus encore à sa ville d’adoption : Le Cannet.
De retour pour une semaine sur ses terres cannettanes, Momar en a profité pour retrouver tous ses amis et anciens collègues du service des sports.
Un court passage dans sa ville d’adoption où le basketteur n’a laissé que d’excellents souvenirs.
Mais revenons sur le parcours de ce jeune basketteur sénégalais qui arrive en France à l’âge de 18 ans pour intégrer une section sports études à Liévin. « Mon premier contact avec la France, c’est le Nord. Imagine ce que m’a fait ! ». Et de joindre le geste à la parole en resserrant ses bras comme pour conjurer à nouveau le froid qu’il découvrait à l’époque.

Après ce temps d’adaptation, Momar arrive sur la Côte et précisément au Cannet en 1987. Un climat azuréen bien mieux adapté à ses gènes africains et surtout où il va construire sa vie personnelle avec Seynabou (ancienne joueuse de Nice et aujourd’hui vice-présidente de la Fédé sénagalaise) et professionnelle au sein du service des sports de la ville. « Ici j’ai commencé comme entraîneur-joueur et c’est Patrick Tambay qui m’a mis en relation avec Alex et le club des handis ». Un lien qui débute en 2000 et va durer jusqu’en 2010. « Patrick ne s’est pas trompé et il nous a fait confiance car il croyait en nous ». A l’évocation de Patrick Tambay, l’émotion étreint Momar qui aurait tellement voulu être présent pour son dernier voyage.

Le voilà donc plongé dans l’aventure « à roulettes », au sein d’un club qui n’a pas encore le nom de Hornets. En ce temps-là (comme disent les Anciens), l’équipe n’en est qu’à ses premiers balbutiements, mais sous la houlette de Momar l’équipe va grimper les échelons, saison après saison jusqu’à l’accession à l’Elite en 2008 au. Une épopée à laquelle ont participé Kaïsse Mekhazni, Stéphane Keller et Christophe Carlier, toujours là 15 ans plus tard.

Quand Momar évoque ses 10 saisons aux côtés d’Alexandre Farrugia sans oublier Daniel Tupet qui le succèdera comme coach, les anecdotes et les galères de déplacement reviennent instantanément. « Ce n’était pas facile mais on était tenaces et la ville était toujours là pour nous soutenir. Il fallait se débrouiller et j’étais à la fois entraîneur, joueur, chauffeur et mécanicien. C’est moi qui ai créé le local à rangement sous la tribune pour qu’on puisse ranger les fauteuils et le matériel. J’ai aussi posé le sol de la salle d’escrime (là où les Hornets font leurs réceptions d’après matchs). J’ai fait beaucoup de choses dans ce gymnase » se souvient-il et de poursuivre son récit par une anecdote de déplacement. « Une fois nous sommes allés chercher une remorque au club d’Antibes mais comme il pleuvait, on s’est arrêté sur la route pour couvrir les fauteuils avec des sacs poubelles. On faisait avec les moyens du bord ».

Alexandre Farrugia n’a rien oublié non plus de la présence de Momar à ses côtés.  « Avec Momar on a passé des moments extraordinaires. C’est quelqu’un sur qui on pouvait compter et comme il a beaucoup d’humour, les déplacements tournaient souvent à la rigolade. Je me souviens de cette fois où nous revenions d’un tournoi et au moment de passer au péage, on s’est rendu compte qu’on avait perdu le ticket. La dame lui demande alors d’où il vient et lui de répondre très naturellement « du Sénégal ». Je revois encore la tête de cette dame qui n’a rien compris à ce trait d’humour. Quand je pense à Momar, j’ai encore plein d’images qui me reviennent en tête comme ces voyages que nous faisions en train de nuit. Les fauteuils ne passaient pas ni par la porte ni dans les couloirs et Momar passaient les roues par les fenêtres. Ou encore après une victoire à Coudekerque dans le Nord. Après le match, on s’est retrouvé dans une soirée festive. Tout le monde était déguisé et Momar a fait une belle démonstration de danse africaine. Il a vraiment été un entraîneur atypique ».

Tout cela pour dire que Momar se sent toujours chez lui quand il revient au Cannet. « Le Cannet c’est ma ville d’adoption. Je pense avoir fait beaucoup pour le sport dans ma commune, mais elle m’a tellement apporté en retour et je lui dois beaucoup. Au Sénégal, tout le monde connaît la ville du Cannet. Depuis mon retour à Dakar en 2014, je n’ai rien oublié de ce que j’ai vécu ici. J’ai créé deux sociétés qui n’ont rien à voir avec le sport, une sur la signalétique autoroutière et l’autre dans la fibre optique, mais je suis aussi revenu dans mon premier club, l’ASO, celui où j’ai marqué mes premiers paniers. J’en suis devenu le Président et j’ai même créé une équipe de handibasket ». Une boucle qui semble bouclée pour Momar Gueye même si une partie de son cœur est restée au Cannet.

Des liens du cœur entre Momar Gueye, Le Cannet et le club des Hornets qui resteront à jamais unis. L’accueil qu’il a reçu lors de son dernier passage en est la preuve. Sans hésiter, il a même décalé son retour à Dakar de 24 h pour assister au match des Hornets contre Toulouse. Et de cette rencontre, Momar n’a pas voulu parler de la défaite pour n’évoquer que les progrès de son ancienne équipe jusqu’à atteindre les plus hauts sommets nationaux et européens, ce dont il est très fier.

Il le sait, Momar peut revenir quand il veut ici, au Cannet. Il y sera toujours chez lui.

Aujourd’hui et malgré ses occupations de chef d’entreprise et président de club, Momar porte un regard de Chimène sur les performances de Salimata, sa fille de 17 ans, qui a été sacrée championne d’Afrique de triathlon à 12 ans. Comme quoi bon sang ne saurait mentir.

Avant de repartir, Momar a quand même émis le souhait d’un rapprochement entre ses deux clubs de cœur. Alors à quand une visite des handibasketteurs sénégalais à Maillan ? A moins que le voyage ne se fasse dans l’autre sens ?

Il n’est peut-être pas trop tard pour demander au Père Noël de réaliser le vœu de Momar.