Killian est un jeune étudiant Breton qui a profité d’un stage dans une start up cannoise pour s’essayer au handibasket. Une discipline collective qu’il découvre au sein de l’équipe 2, lui l’ancien adepte d’ultra trails et de chasse sous-marine.
Nous l’avons rencontré et à coeur ouvert, il nous a raconté son début de carrière militaire chez les Pompiers de Paris trop vite stoppée après un accident de moto et surtout comment il a continué d’avancer vers d’autres chemins tout aussi enrichissants.

Killian, quels étaient vos projets avant l’accident ?
« A 19 ans, je suis entré à la brigade des Sapeurs Pompiers de Paris. Je réalisais mon rêve et je m’y donnais à fond. D’ailleurs quand j’ai signé mon contrat, je n’ai même pas demandé quel serait mon salaire, mais trois ans plus tard, il y a eu l’accident. Une chute à moto qui va me priver de mes jambes. Moi qui courais des ultra-trails, je me suis retrouvé à ne plus pouvoir mettre un pied devant l’autre. Après je suis resté un an dans un centre de rééducation dans le Morbihan et c’est là que j’ai découvert le handbike (vélo couché) ».

Qu’est-ce qui a changé ?
« Il a d’abord fallu se faire au regard que les « autres » (valides) portaient sur moi et là, je ne l’ai pas toujours bien vécu. Mais comme je suis un endurant, j’ai tout de suite mis en place un projet autour du handbike. J’ai rallié Lorient à Aulnay-sous-Bois (soit 600 km) en une semaine (en août 2018) ».

Un premier challenge qui vous a donné d’autres envies !
« En effet, comme celles de reprendre mes études. Tout de suite après, je me suis inscrit à l’EMLYON Business School (grande école de management et de commerce). Actuellement je suis en 3ème année. J’aurais dû poursuivre mon cursus au Canada, mais avec la Covid, j’ai choisi de faire un stage dans une entreprise cannoise (Phoenix Anti Gaspi) ».

C’est comme cela que vous avez découvert les Hornets ?
« En tant que sportif, j’ai cherché une activité et les gens m’ont parlé du club de handibasket au Cannet. Je n’ai jamais joué au basket même avant mon accident mais je me suis dit pourquoi pas. Je suis allé sur leur site et j’ai vu qu’ils avaient un très bon niveau et que le club s’investissait dans beaucoup de choses pour parler du handicap. J’ai appelé et je suis venu voir ».

Et alors ?
« Je reconnais que de les voir évoluer à l’entraînement, cela peut paraître facile. Erreur ! Rien que pour aller tout droit cela devient très compliqué et après avoir essayé je les ai trouvés encore plus impressionnants ! Ce sont vraiment de grands champions. Pour l’instant, j’en suis à apprendre le maniement du fauteuil et j’espère pouvoir intégrer un entraînement avec l’équipe 2 dès que j’aurais acquis ses bases ».

Comment voyez-vous votre avenir ?
« A court terme, après mon bachelor, je souhaite intégrer une grande école et partir soit aux Etats Unis, soit en Australie. Mon accident a bouleversé ma vie, mais aussi ma façon de voir les choses, notamment en privilégiant l’instant présent. Par contre, j’ai besoin d’avoir des projets pour avancer et ce ne sont pas les idées qui me manquent même si parfois elles peuvent paraître exubérantes ou farfelues. Je m’intéresse au monde agricole, à la bourse, à l’écologie. Je regarde ce qui se passe autour de moi et j’aime me rapprocher au plus près des personnes. C’est pourquoi, si je peux un jour monter ma boîte, elle sera écologique et sociétale ».

Une aide que vous apportez déjà auprès des étudiants handicapés ?
« En fait je me suis investi dans deux associations. La première (FEDEEH) apporte un soutien aux étudiants handicapés. Il y a des discussions pour les aider dans leurs études, les orienter vers un travail. Ils ont un parrain avec qui ils peuvent s’épancher sur leurs difficultés, leurs doutes. La seconde (ADH) concerne des blessés militaires ou civils à qui on propose des réinsertions professionnelles ».

Vous verra-t-on prochainement sous le maillot de l’équipe 2 des Hornets ?
« Cela voudrait dire que j’ai fait des progrès à grands pas, mais comme dans tout ce que j’entreprends j’ai envie de réussir, alors on ne sait jamais. C’est l’entraîneur qui décidera ! En revanche, ce qui est sûr c’est que j’attends avec impatience le premier match de l’équipe première contre Lannion. Il me tarde vraiment de les voir en action ».

Qu’aimeriez-vous dire à un jeune accidenté de la vie, comme vous ?
« Il y a forcément des gros moments de doute et de découragement. Personnellement,, j’ai dû y faire face par deux fois car pendant que je préparais mon projet handbike, j’ai été percuté par une voiture. Touché au bras gauche, j’ai failli le perdre avant de pouvoir le récupérer. C’est là que je me suis dit que j’avais de la chance. Le bonheur ne disparait pas avec le handicap, il suffit de continuer à le chercher pour arriver à le trouver et ce que je fais tous les jours avec l’envie de découvrir le monde tout en me disant que nous sommes aussi très chanceux de vivre en France ».