Pour l’instant, Alexandre Farrugia est un président satisfait, voire heureux après la 5ème place de ses joueurs dans la Cour des Grands d’Europe obtenue le week-end dernier en Coupe des Champions. Un rayon de soleil en Allemagne qui a quelque peu effacé la grosse déception de la Coupe de France. Toutefois il reste un titre de champion de France à aller chercher pour clore en beauté cette saison et tant que ce ne sera pas fait, il préfère tempérer son optimisme.

Avant le dernier match de la phase régulière (Hyères le 21 mai) et le final four au Puy-en-Velay (les 11 et 12 juin), le président des Hornets Le Cannet revient sur ses premières émotions de la saison.

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Des ambitions légitimes

Alexandre, revenons sur cette Coupe des Champions et cette belle 5ème place !
« C’est une compétition à laquelle nous participons régulièrement depuis de nombreuses années et nous connaissons la plupart des équipes puisqu’on les rencontre en phase de qualification. Nous sommes allés à Thuringen avec des ambitions, espérant même pouvoir passer les quarts de finale et on n’est pas passé loin.
Désormais, quand on se présente en Coupe d’Europe et fort de notre expérience et de nos 3 victoires (Euroligue III 2014, 1015 & 2017), nous ne souffrons pas d’un complexe d’infériorité par rapport aux grosses écuries espagnoles ou allemandes dans lesquelles évoluent les meilleurs joueurs du moment, notamment les Anglais, champions du monde. Alors, certes nous étions les petits poucets avec Meaux car les budgets mais aussi l’encadrement ne sont pas comparables aux nôtres, mais la qualité de notre équipe était bien là et nous avons démontré que nos ambitions étaient légitimes ».

Un dernier carré à portée de main

Qu’est-ce qu’il a manqué pour gravir une marche supplémentaire ?
« Peut-être un déplacement moins long et moins compliqué à organiser. Face au prix exorbitant des billets d’avion et la difficulté d’embarquer nos fauteuils, nous nous sommes rabattus sur un long voyage en mini bus (15h).
Seulement, nous n’avons pas pu partir tous ensemble car certains avaient des obligations professionnelles et nous avons dû organiser deux départs. De plus, le deuxième mini bus s’est perdu sur la route et est arrivé tard dans la soirée ce qui n’est pas l’idéal pour se préparer à un match qui fait l’ouverture du tournoi à 10h. C’est sans doute cet état de fraîcheur qui nous a manqué en quart de finale face aux Espagnols d’Ilunion et qui nous laisse quelques regrets de ne pas avoir pu décrocher la qualification en demi-finale ».

Une énorme déception

La Coupe de France serait-elle votre bête noire ?
« Cela fait plusieurs années qu’on passe à côté de très, très près et une fois encore on rate le coche. C’est une énorme déception car on évoluait quasiment à domicile, avec le soutien de nos supporters. Alors c’est vrai que notre épisode COVID, vécu juste avant le début du tournoi a beaucoup perturbé les joueurs et le staff. Nous n’avons pas joué à notre niveau et c’est ça qui est râlant. On peut aussi évoquer une série de matchs trop faciles juste avant cette compétition et puis en face c’était Metz avec ses internationaux hollandais, champions d’Europe en titre ».

Un titre dans le viseur

Maintenant, il faut se replonger dans le championnat avec une position de leader à défendre avant les play-offs !
« Au début de la saison, notre objectif était de se qualifier pour le final four car lorsque nous avons pris connaissance de la composition de l’équipe de Metz, on savait qu’il faudrait élever notre niveau de jeu. Au final, nous réussissons un parcours presque parfait avec une seule défaite à domicile face au Puy, ce qui nous vaut le titre de champions d’automne. Maintenant,  il faut bien terminer la phase régulière avec la dernière visite de Hyères ce qui est loin d’être gagné avant de penser aux play-offs où les compteurs seront remis à zéro. Il faudra d’abord passer la demi-finale qui devrait nous opposer à Meaux (4ème) ou au Puy. Cela va dépendre des derniers résultats ! »

Pas assez de reconnaissance médiatique

Après 21 années de présidence, comment jugez-vous l’évolution du basket fauteuil en général et de votre club en particulier ?
« J’en reviens encore au club de Metz qui a recruté d’excellents joueurs internationaux et quoi qu’on en dise, cela permet au championnat national de prendre une autre dimension. Tout cela nous tire vers le haut. Quand je regarde autour de moi et surtout que je compare avec les saisons précédentes, je me rends compte qu’il y a une très nette évolution dans la qualité du jeu. Nous avons une belle reconnaissance de nos communes et des institutions départementales et régionales qui nous mettent en lumière au même titre que tous les autres sportifs de haut niveau. Nous avons aussi le soutien de partenaires fidèles. Le seul bémol, c’est l’absence de reconnaissance de la part des médias. Nos joueurs sont des athlètes qui s’entraînent tous les jours et ils mériteraient qu’on parle d’eux plus souvent, pas seulement au moment des J.O. Notre club a longtemps été précurseur pour faire évoluer les choses que ce soit dans la communication, en proposant des animations avec des pompoms girls et notre mascotte Horny sur nos matchs, en soignant nos tenues. Tout cela a profité au basket fauteuil dans son ensemble et si aujourd’hui des clubs nous dépassent dans ces domaines, nous sommes fiers de leur avoir montré la voie. Quant à nous, si nous avons voulu grandir et jouons aujourd’hui dans la cour des Grands en championnat comme en Coupe d’Europe, nous souhaitons toujours garder notre esprit famille et faire que les joueurs se sentent bien chez nous ».

Avec le soutien du Département 06

Avec Paris 2024, le handisport va-t-il pouvoir être mieux perçu et disposer d’une plus grande visibilité ?
« Les jeux de Londres (2012) ont permis de faire bouger les lignes, notamment au niveau des transports. On espérait que la ville de Paris en ferait autant, surtout pour l’accessibilité au métro toujours très difficile, mais apparemment ce n’est pas le cas. C’est regrettable car les Jeux servent aussi à faire avancer les choses pour toutes les personnes à mobilité réduite !
Sur le plan sportif, ce seront encore de belles émotions sur les stades comme dans les salles et les bassins. Il se pourrait que le basket fauteuil soit limité à 8 équipes
(la France est qualifiée d’office). Pour l’instant rien n’est encore décidé mais cela enlèverait la magie des Jeux, où il est toujours plaisant de voir de nouveaux pays se joindre aux meilleures équipes mondiales ».