Depuis quatre semaines les clubs de handibasket attendaient de savoir si la saison pourrait être achevée ou… pas ?
Depuis vendredi 10 avril c’est officiel. La Commission Basket a pris sa décision. Les championnats sont arrêtés avec un gel des classements au 9 mars, sans décerner de titre de « Champion de France ».
Un ordre hiérarchique qui ne veut pas dire grand chose puisqu’à cette date, toutes les équipes ne comptaient pas le même nombre de matchs.
Une décision avec laquelle les responsables des clubs doivent cependant composer, mais qui entraîne aussi quelques chamboulements pour le futur, comme l’explique Alexandre Farrugia.

Président, comment les joueurs et le staff vivent-ils le confinement ?
« Certains joueurs travaillent car ils sont dans l’obligation de poursuivre leur activité. Pour les autres, ils sont confinés chez eux car depuis le 17 mars, nous sommes officiellement en inactivité sportive. Pour suivre les recommandations sanitaires, les entraînements ont été interrompus car il est essentiel de respecter les consignes pour sortir au plus vite de ce confinement. Malgré cela, nous restons en contact via les réseaux sociaux et par téléphone. Cependant, il est clair que la suspension de la saison n’arrange les affaires de personne, à commencer par les joueurs qui ont un statut de sportif de haut niveau, mais pas de contrat professionnel. De ce fait, ils subissent un manque à gagner en l’absence des primes et des défraiements, ce qui constituent pour eux leur complément de revenus».

Quelles en seront les répercussions sportives et économiques ?
« Cette situation est forcément préoccupante sur le plan financier et ce, à plusieurs raisons. Notre club existe essentiellement grâce aux subventions des institutionnels. La Mairie du Cannet nous accorde son soutien depuis de nombreuses années et ne manque jamais de mettre en avant notre club à l’instar des autres grandes équipes professionnelles de notre commune. Le Comité Départemental nous suit également de près ainsi que l’Agence Nationale du Sport et la Région Grand Sud. Nous pouvons aussi compter sur nos partenaires privés sans qui nous ne pourrions pas réussir dans nos projets et obtenir nos excellents résultats en championnat comme en coupe d’Europe, mais eux aussi subissent la situation de plein fouet avec souvent l’arrêt de leur activité. Dès la reprise, leur priorité pourrait donc être ailleurs. De plus, de nombreux billets d’avions que nous avions réservés à l’avance et les arrhes que nous avions versées aux hôtels restent en suspens. Nous devons également gérer nos joueurs étrangers qui n’ont pas pu partir. Tout cela fait que je suis inquiet. Cela va nécessiter de faire des choix et sans doute quelques coupes budgétaires ».

A ce propos, où en êtes-vous à ce jour sur le recrutement ?
« Face à cette situation pour le moins singulière, la période de mutation a été allongée de deux mois. Les joueurs auront donc du 1er juin au 31 août pour décider de leur avenir sportif avec une reprise des entraînements programmée au 1er septembre. Le danger c’est qu’un club pensant avoir composé son nouveau groupe pour la prochaine saison peut voir un joueur partir ailleurs à la veille de la reprise. C’est pourquoi la confiance et la loyauté seront les principales clés des futures négociations. En ce qui nous concerne, l’effectif ne devrait pas connaître de grands changements cette saison. Pour l’instant, seul Daniel Highcock a officialisé son départ (arrêt de carrière) et nous misons sur une seule arrivée. Plusieurs joueurs ont déjà frappé à notre porte et le choix reviendra au coach ».

Un recrutement que vous axez pour être champion de France ou champion d’Europe ?
« C’est une question sur laquelle il va falloir se pencher sérieusement car les clubs sont amenés à faire des choix. Soit ils recrutent pour gagner le championnat et la Coupe de France, soit ils constituent un groupe pour bien figurer en Coupe d’Europe. Depuis plusieurs saisons, on se rend compte qu’il est difficile de jouer sur les deux tableaux avec les matches qui s’enchaînent et de longs déplacements ».

La commission étudie un retour du championnat à 10 équipes, êtes-vous pour ?
« Les Hornets Le Cannet ont toujours été favorables à un championnat à 10 équipes. Rester à 12 serait une très mauvaise solution. Avec des budgets revus à la baisse, les clubs vont déjà économiser deux déplacements ce qui n’est pas négligeable. Par ailleurs, il sera plus facile de gérer le calendrier mis à mal ces derniers temps par les grèves et bien d’autres événements imprévisibles. Enfin l’allègement du calendrier permettra aussi d’insérer des stages pour mieux préparer l’équipe de France aux prochains jeux Paralympiques de Paris ».

Quelle réflexion vous inspire cette situation extraordinaire ?
« Cette pandémie a été un véritable raz-de-marée. Elle a fait de nombreuses victimes et fait souffrir des milliers de personnes, il ne faudra pas l’oublier. Ce virus a mis à mal notre quotidien. Il y aura forcément un avant et un après Covid-19. N’oublions pas ceux qui luttent, soignent et se portent volontaires pour s’occuper de tous ceux qui souffrent et qui sont seuls. J’espère que tout cela va se terminer au plus vite afin que nous reprenions tous le cours normal de notre vie. Ce confinement doit aussi nous faire prendre conscience de la valeur des plaisirs simples de la vie qui se révèlent essentiels quand nous en sommes privés ».