Si le club des Hornets est reconnu par toutes et tous pour son côté familial, avec les « ROA » ce sentiment d’appartenance prend tout son sens.
Arrivé au Cannet l’été 2022, le jeune Luca n’a pas mis longtemps pour prendre ses marques et intégrer au plus vite le groupe de Daniel Paquet où, désormais, il fait figure de joueur majeur.
Mais cette adaptation à vitesse grand V, Luca la doit aussi à ses proches. Un cocon familial qui ne l’a jamais lâché depuis sa maladie, une myélite aigüe transverse (premier cas diagnostiqué en France) alors qu’il entrait à peine dans l’adolescence.
Son papa, Lopé, n’a rien oublié de ses moments douloureux et malgré les 400 km qui les séparent entre la banlieue lyonnaise, où il habite et travaille, et Le Cannet, les liens sont toujours aussi forts entre père et fils.
Motoriste, spécialiste Porsche
Fidèle depuis 3 saisons dans la tribune de Maillan à chaque match à domicile, Lopé pourrait même rejoindre le banc du staff technique comme mécano, lui qui est motoriste, spécialisé dans les moteurs Porsche qu’il est capable de remonter pièce par pièce. Alors, bien sûr, cela n’a pas grand-chose à voir avec la mécanique des fauteuils et les changements de roues, mais pour se « tester » il a accepté de faire le voyage à Murcia pour apporter son aide si besoin. Un séjour dont il se souviendra longtemps.
« C’était une sacrée expérience à tout point de vue et je me suis remis de cette folle aventure espagnole. Cela nous fera de beaux souvenirs à partager ».
Quelques jours plus tard, nous l’avons interrogé sur des points plus sensibles, comme la maladie de Luca et son choix de signer aux Hornets.
« Au début, tout fut très compliqué pour nous car la maladie de Luca nous est tombée dessus sans qu’on y soit préparé. Les premiers temps, nous espérions toujours qu’il remarcherait… mais avec le temps, on a dû se rendre à l’évidence et s’adapter à sa nouvelle vie. Luca avait l’insouciance de sa jeunesse et il n’a pas tout de suite compris la gravité et les conséquences de sa maladie. Il ne prenait rien au sérieux. Ce n’est qu’en arrivant au centre de rééducation qu’il a vraiment pris conscience et que tout est devenu plus compliqué pour lui ».
Un passage douloureux partagé en famille, avec ses parents, son grand frère Emeric et tous ses proches. Une vie qui n’a pas fait de cadeaux à Luca qui, avant d’accepter le fauteuil, a d’abord dû faire face à une dyslexie/dysparie/dyscalculie/dysphasie qui a entravé son parcours scolaire. « Il a traversé de terribles épreuves mais c’est un battant et je suis très fier de lui ».
« Monsieur non »
Toujours à ses côtés, le clan Roa a accompagné Luca dans tous ses choix comme celui de reprendre une activité sportive. « Avant la maladie, Luca pratiquait déjà le basket et il est venu au basket fauteuil par un concours de circonstance. On lui a parlé d’un club à Lyon. Il y est allé par curiosité et ça lui a plu. Sa progression s’est faite crescendo et il a ensuite rejoint le pôle espoir à Talence. C’est à partir de là que son ambition de rejoindre les Hornets est née. C’était son club de rêve et il y est parvenu. Petit, on l’appelait « Monsieur non ». Dès que nous lui proposions quelque chose, c’était non, je n’y arriverai pas. Malgré les embuches, il a déjà franchi plein d’étapes importantes et malgré sa dyslexie, il vient même de décrocher son code. C’est génial car je sais qu’il est capable d’aller au bout de ses rêves ».
Mon fils est heureux
Trois ans plus tard, Lopé mesure toute la progression de son fils. « Quand il est arrivé au Cannet, j’avais un peu d’appréhension. C’était le petit jeune qui débarquait dans une équipe très expérimentée, bien structurée. Comment allait-il s’intégrer ? Finalement, tout s’est fait naturellement, dans une ambiance familiale. Au club, il a tissé des liens très forts avec ses partenaires et les dirigeants. J’ai très vite été rassuré et aujourd’hui je vois que mon fils est heureux ».

Dans deux semaines, les Hornets se prépareront à disputer la demi-finale du championnat de France. Que ce soit à Marseille ou à Chalon, Lopé a promis d’être là. Une place sur le banc du staff technique l’y attend déjà pour cette fin de saison et peut-être la suivante. « Si on me le demande j’accepterai volontiers. En Espagne, outre mon rôle de mécanicien, j’ai pu apporter mon aide à Daniel dans certaines tâches comme charger et décharger les fauteuils et je me suis senti utile. Il faudra juste que je m’organise pour les déplacements mais à domicile je répondrai toujours présent ».